.1945.
Ces pages calcinées au milieu du livre
ARB ACHT on ne reconnaît rien
Sur les doigts un peu de cendre
La neige et les marais les inventer de rien
Et le ciel fugitif indifférent aux hommes
L’esprit erre en bohémien sa verdine
Chargée de choses mortes robes démodées
Poupées de chiffon masses de cheveux
Ceux qui n’avaient rien de ferme ni terre
Ni tombe un nom changeant de langue en langue
Qui s’abandonnaient aux vents des saisons
Après des siècles d’errance ont atteint
La Petite Égypte ou la Grande Judée
Un enclos dans la boue aux longues baraques
De bois créosoté où le corps fourbu
Se purge du monde et un feu dans la main
Vole au ciel passager les noms seuls
Un instant osseux dans la cendre
Puis la tourbe gonfle et tout
Se dissout dans les nombres
.Voilà… la vie est passée…
(Tchékhov)
Cerisiers dans la croisée et le chant capricieux
Des linottes je suis ce vieillard en costume estival
Chancelant sous son passé rêver sous un nom autre
On peut être heureux de rien et de rien pleurer
Une femme passe dans un miroir mais d’elle
Rien envolée avec le printemps on peut frémir
Enfermé dans sa momie sous la nuit des cintres
Et se regarder souffrir la lumière change
À la vitesse des sentiments et c’est l’hiver
La neige en confetti volette sur les planches
On est seul maison abandonnée les lourds volets
Battent au vent miroir piqué de cendres
Au mur un portrait penche sévère égérie
Les cheveux tirés où nichent les faucheux
Ses yeux seuls semblent vivre tout l’art
Cède devant ce morceau de ténèbres
C’est presque le silence qu’il dure
Poignant jusqu’à ce qu’on meure à son tour
Mais non les voilà tous à sortir du tombeau
Et renaît même au milieu des costumes celle
Qu’on croyait à jamais perdue
Quand et comment avez-vous commencé à écrire des poèmes?
Il me semble que j’ai commencé à écrire des poèmes vers 15 ou 16 ans. J’avais découvert au collège la poésie du Moyen-Age, qui m’a marquée durablement (Tristran est une réécriture de la fable de Tristan et Iseut, que j’ai située dans l’Angleterre moderne). A la même époque, j’avais été happé par une émission de radio consacrée à la poésie à une heure de grande écoute, Le Club des Poètes. C’est une époque révolue…
Je n’avais alors quasiment aucune culture dans le domaine de la poésie. J’ai suivi lentement le chemin qui mène des romantiques aux poètes contemporains : Baudelaire (pendant très longtemps, je n’ai pas voyagé sans Les Fleurs du mal), Verlaine, Apollinaire, les surréalistes, Aragon, Yves Bonnefoy… puis toute la modernité.
Mon premier “vrai” recueil de poésie (Passage d’Orient, 1984) a été publié par Jean Ristat dans la collection Digraphe.
Toute activité collaborations poétiques (magazines, collectifs, etc) et des publications.
Du fait de mon métier, extrêmement absorbant, j’ai très longtemps vécu en dehors du monde littéraire. J’ai néanmoins collaboré (de l’extérieur) à la revue Digraphe pendant une dizaine d’année.
J’ai été membre du Comité de rédaction de la revue de poésie Le Mâche-Laurier (Obsidiane). Actuellement, je suis le coordinateur de la revue numérique de littérature Secousse, qui publie 3 numéros par an.
Mes poèmes ont été traduits dans une dizaine de langues. Mon recueil Tristran a été traduit en anglais ([lx]press, Los Angeles, 2016).
Notes biographiques brèves :
Né en 1949 à Grenoble. Vit en région parisienne et à Chambéry.
Longtemps ingénieur sur de grands projets (tunnel sous la manche, projet international Lyon- Turin, etc.).
Poète (prix Tristan-Tzara et prix Max-Jacob), critique, auteur de récits, traducteur.
Site personnel : http://perso.numericable.fr/gerard-cartier/
Coordinateur de la revue électronique de littérature Secousse (http://www.revue-secousse.fr).
Initiateur et maître d’œuvre, avec Francis Combes, de l’affichage de poèmes dans le métro parisien (1993-2007).
Une douzaine de recueils de poésie, principalement inspirés par l’Histoire récente (IIe guerre mondiale, résistance en Vercors, guerre d’Algérie, Palestine,…) ou en forme d’autobiographie fantasque.
Un recueil de récits dédiés à des écrivains aimés.
Poésie
Le voyage de Bougainville, L’Amourier, 2015
Tristran, Obsidiane, 2010
Le petit séminaire, Flammarion, 2007
Le hasard, Obsidiane, 2004
Méridien de Greenwich, Obsidiane, 2000 (Prix Max Jacob)
Le Désert et le Monde, Flammarion, 1997 (Prix Tristan Tzara)