“La vraie culture nait de la vie et retourne a la vie”

Résumé du manifeste “PEUPLE ET CULTURE” (1945):

Lignes d’action.

Rendre la culture au peuple et le peuple à la culture, voilà notre but. On parle souvent de la culture populaire comme d’un enseignement mineur donné à un milieu privé de savoir. Par culture populaire, on entend diffusion de la culture dans la classe ouvrière. Mais que recouvre ce mot “culture” ? Est-ce un moyen de développer harmonieusement ceux qui la reçoivent, de les rendre meilleurs ou mieux armés ? Ce n’est, le plus souvent, qu’une somme arbitraire de connaissances sans unité organique, sans lien avec la vie. La culture bourgeoise est en crise. Ce n’est pas elle que nous prétendons apporter à la classe ouvrière, même si elle lui paraît désirable. Le paternalisme est aussi haïssable dans le domaine culturel que dans le domaine social et économique. Nous ne voulons pas d’une culture aristocratique ou bourgeoise étendue à un nouveau public. La culture populaire ne saurait être qu’une CULTURE COMMUNE A TOUT UN PEUPLE : commune aux intellectuels, aux cadres, aux masses. Elle n’est pas à distribuer. Il faut la vivre ENSEMBLE pour la créer. Elle ne saurait être plaquée sur la vie du peuple. Elle doit en émaner. Les porteurs de la culture vraie ne sont pas seulement ceux qui en font profession.
La culture populaire pose pour tous le problème de la vraie culture. La “culture désintéressée” se désintéresse un peu trop de la vie. Au contraire, LA VRAIE CULTURE NAIT DE LA VIE ET RETOURNE A LA VIE. A partir de son atelier, on peut expliquer au tourneur les lois de la production et de la consommation ; à partir d’une voiture, on peut apprendre la géométrie au charpentier; à partir des scènes de la vie quotidienne, on peut bâtir une philosophie. Ni la littérature, ni la science, ni le droit ne définissent une culture. Ces disciplines ne livrent qu’un aspect des choses. La culture s’appuie d’abord sur la vie de l’homme, la vie de la société, la vie du monde. Elle crée en nous des perspectives; elle donne de l’ampleur et de la profondeur à notre vie, à travers les sciences, la philosophie et l’art. Elle relie la connaissance à l’action par une philosophie des valeurs. Cette unité lui est ESSENTIELLE. La culture vraie ne se limite pas à la sphère des idées; elle conduit à un art de s’exprimer et à un art de vivre. L’ouvrier qui résume son idéal dans un style simple et direct est plus proche d’une vraie culture que l’étudiant qui, pour un examen, apprend par cour une liste de citations.
A travers la connaissance, une culture vraie se courbe vers l’action. Elle ne tend pas seulement à interpréter le monde, mais à le transformer. Cette culture ne prétend pas être une “culture générale”.
Mais elle est bien autre chose qu’un amas de connaissances littéraires ou philosophiques, groupées par le hasard, les nécessités d’un concours ou, dans le meilleur des cas, par la curiosité. Elle nous rapproche, au contraire, d’une culture populaire qui est d’abord une culture vivante.
Une culture vivante suscite un type d’homme. Elle suppose des méthodes pour transmettre la connaissance et former la personnalité. Enfin, elle entraîne la création d’institutions éducatives. Ainsi la culture populaire a besoin d’un humanisme, d’une technique, d’une organisation propres – faute de quoi, elle risque de rester prisonnière d’un enseignement périmé.
La versione integrale del Manifesto “Peuple et Culture” è consultabile su:
http://www.reseaucrefad.org/images/crefad/manifestepec1945.pdf

CREFAD-LYON:  “CULTURE” E “L’ENTRAÎNEMENT MENTAL”
(http://www.reseaucrefad.org/crefad-lyon)
 
Culture
La culture ne se réduit pas à sa dimension artistique, mais englobe tout ce qui permet d’appréhender le monde, de s’y situer et d’y agir individuellement et collectivement.
À travers la culture, dans toutes ses dimensions, ce qui nous importe c’est de :
Donner à chaque individu des repères pour agir dans la société
Combattre les inégalités culturelles et sociales : celles liées à l’écrit par exemple, par la création de plusieurs café-lecture, constitués en réseau, lieux militants inscrits dans l’éducation populaire.
D’aborder la démarche artistique comme constitutive de l’émancipation individuelle et collective.
Quant aux initiatives économiques dans le domaine de la culture, elles se situent pour nous au confluent de deux dynamiques: d’une part l’art et la culture comme ciment d’une société, capacité à vivre et créer ensemble, et d’autre part, dans des processus de création de son propre emploi, dynamique pour partie connue dans le cadre de TPE (très petites entreprises), auto-emploi ou création d’activités.
Très impliquées dans ces deux secteurs sociaux, nos associations font un ensemble de constats qui les amènent à imaginer et expérimenter un dispositif spécifique d’accompagnement à la création d’entreprises artistiques et culturelles.
« En France, quand on prononce le mot  “culture”, chacun comprend “art” et plus précisément “art contemporain”. Le mot Culture, avec son singulier et sa majuscule, suscite une religiosité appuyée sur ce nouveau sacré, l’art, essence supérieure incarnée par quelques individus eux-mêmes touchés par une grâce — les ”vrais” artistes. La population, elle, est invitée à contempler le mystère.
Entamée dès les années 1960 sous l’égide du Ministère des Affaires Culturelles, la réduction de la culture à l’art représente une catastrophe intellectuelle pour tout homme ou toute femme de progrès. Si “culture” ne veut plus dire “qu’art”, alors ni l’action syndicale, ni les luttes des minorités, ni le féminisme, ni l’histoire, ni les métiers, ni la paysannerie, ni l’explication économique, etc., ne font plus partie de la culture. Entre cette dernière et la politique s’instaure un rapport d’exclusion. Et la gauche a un problème. Tel n’a pas toujours été le cas. Il fut un temps — pas si éloigné — où un petit groupe de militants nichés au cœur des institutions françaises tentait de faire rimer culture — populaire — et politique». Extrait de “Le monde diplomatique” mai 2009 – Franck Lepage – Coopérative “Le Pavé” (Morbihan)
Entraînement mental
Penser et agir dans la complexité, analyser des situations problématiques
Découvrir, questionner, renforcer une approche de situations concrètes à partir de et avec la méthodologie de l’entraînement mental afin de pouvoir mieux analyser les situations et ajuster l’action (méthode créée par l’association Peuple et Culture en 1945 et actualisée en permanence depuis).
L’entraînement mental est une méthode, une démarche, une invitation à l’entraînement de la pensée, individuel et collectif, et à l’engagement dans l’action. C’est une méthode que nous proposons comme un cheminement, fait de questionnement et de raisonnement, en vue de penser par soi-même.
C’est aussi une démarche qui vise l’émancipation de la pensée à l’égard des conditionnements qui la brident. C’est essentiellement à partir des situations  concrètes amenées par les participants que l’on favorisera la découverte des différents mécanismes de pensée et d’action en travaillant notamment les dimensions logiques (comment organiser ma pensée), dialectique (prendre en compte la complexité) et éthique (que faire de ma responsabilité). Il s’agira de travailler ces situations, issues de nos vies professionnelles et quotidiennes, afin de dégager des pans d’interrogation, d’analyse et de perspective d’actions concrètes et opérationnelles, considérer chaque situation à partir d’autres points de vue que les nôtres. Il s’agit de chercher à comprendre avant d’agir, d’aiguiser notre lucidité à l’égard de la puissance de nos illusions. Et il s’agit de développer nos capacités individuelles et collectives, d’expression, d’analyse, d’imagination et de projet.
Il s’agira également de ne pas réduire l’activité intellectuelle au seul horizon de l’utilité immédiate ou de l’adaptation docile à l’existant, mais plutôt de s’entraîner à une pensée qui résiste:
aux habitudes (qui organisent l’ennui)
aux invitations à ne rien faire (c’est compliqué et puis c’est vrai, nous n’y connaissons rien)
aux confusions portées par l’air du temps (urgent/important, besoin/désir, possible/souhaitable, difficulté/ problème, erreur/faute, tolérance/complaisance, concret/ simple)
aux injonctions à faire
à nos préoccupations dépressives (autant s’en occuper)
aux systèmes de dominations
au supermarché médiatique
aux évidences moralisatrices (qui déresponsabilisent)
Bref, nous sommes dans l’éducation populaire et au cœur de son projet d’émancipation des individus et des collectifs.