Photo: Franco Blandino
Les vieux
cahin-caha
un couple de personnes âgées
marche devant moi
comme deux vilains canards
l’un clopinant
l’autre traînant la patte
de gauche à droite pour l’un
d’avant en arrière pour l’autre
ils oscillent désaccordés
et soudain, l’homme s’immobilise
d’instinct la femme s’arrête
ces deux-là sont suspendus dans l’air
goûtant un bout d’éternité
le vieux continue sa route
ce n’était rien
rien qu’un moment de déroute
cahin-caha
on entend craquer les rotules
un râle, un pied qui traîne
deux vieilles personnes
main dans la main
*
Charognarde
tapie dans l’ombre, j’attends
là-bas dans l’herbe
dans un coin retiré
sous un arbre aux larges feuilles
un couple s’apprête à s’en aller
quand on est amoureux
on ne dit jamais assez
on ne donne jamais trop
on s’éclabousse de tant de tendresse
quel gâchis, quel gaspillage
les mots d’amour gisant par terre
comme des pétales qu’aurait perdus une fleur
ces mots-là, je me les jette en pleine figure
en bourre ma bouche jusqu’à l’étouffement
m’en asperge, m’y ensevelis, m’y noie
c’est l’extase le temps de quelques minutes
l’avènement après une si longue attente
lentement ils se flétrissent et s’évaporent
Je m’aime ne dure jamais assez longtemps
Isabelle Kronz, quand avez-vous commencé à écrire ? :
J’ai commencé à écrire ma première nouvelle à 16 ans.
Comment définiriez-vous la poésie :
La poésie est un diamant aux multiples facettes qui exhibe tant d’éclat et de beauté.
Après avoir fréquenté l’Athénée royal à Athus (B), Isabelle Kronz travailla comme comptable dans un hôtel (1984-1986), puis comme secrétaire-comptable chez Revacs (1986-1988) et, depuis 1988, au Lycée technique privé Émile-Metz.
Isabelle Kronz écrit des nouvelles, des récits et des poèmes, publiés dans les périodiques Les Cahiers luxembourgeois, nos cahiers, De Cliärrwer Kanton, Traversées et Pollen d’Azur. Son roman Hélène et les Max lui valut le prix d’encouragement à la première publication de la Fondation Servais en 2001. Dans ce roman, l’auteure parle de crises individuelles, d’aliénation, de solitude et de violences psychiques et physiques. Elle décrit une société marquée par la monotonie du travail, les contraintes personnelles et les humiliations. Parfois, elle utilise des éléments propres à la science-fiction, aux polars ou aux thrillers. Isabelle Kronz est membre du Laboratoire Spécification et Vérification (LSV) .
http://www.autorenlexikon.lu/page/author/492/4924/FRE/index.html