Quand le matin je prends le chemin du turbin

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MIMMO PUCCIARELLI

Quand le matin je prends le chemin du turbin
je rencontre souvent Fabio et son papa
la plupart des fois,
main dans la main,
ils parlent une langue que je ne comprends pas
mais ce sont des mots doux
je le sens
le le vois
et je les regarde
avec tendresse.
Je ne sais pas si je voudrais être le père ou le fils,
mais ces deux mains qui suivent le même chemin
même si c’est pour chercher dans ces conteneurs gris ou vert
ce surplus qui peut encore servir,
qui sert de toute manière à Fabio et son papa.
C’est que mon papa à moi est mort
il y a presque cinquante ans.
Il buvait et il me grondait souvent
mais, au fond, il n’était pas méchant
peut-être bien qu’il était même bon,
mais il ne me donnait pas souvent la main.
Alors lorsque je croise Fabio et son papa
je rêve de mon papa
et, pourvu qu’il me tende la main,
je le suivrais même pour ramasser
dans ces conteneurs
verts ou gris ce que nos contemporains
jettent à la poubelle.

Photo: Mimmo Pucciarelli
http://www.atelierdecreationlibertaire.com/croix-rousse-alternative/